|
Raphaëlle Paupert-Borne
Du 02 au 07 octobre 2006
(...) Ce qui est intéressant, ce sont les questions auxquelles on ne peut pas répondre.
Par exemple : Pourquoi tu peins ?
Elle : Tu veux que je réponde ?
Lui : Si tu veux ! Si tu nas pas envie, tu ne dis rien.
Il y a aussi : Si tu navais pas fait de la peinture, quest-ce que tu aurais fait dans la vie ?
Elle : De lhorticulture !
Lui : Des fleurs ?
Elle : Des fleurs !
Lui : Cest intéressant ! Est-ce que tu penses quun jour tu prendras les fleurs comme sujet ?
Elle : Ça mest déjà arrivé, mais je men fous un peu du sujet.
Lui : Justement, comme ça tu naurais plus besoin den chercher. Comment veux-tu arriver à convaincre que tu nas pas choisi ce que tu montres, que ton sujet est sans importance ? Et puis, ne pas vouloir choisir le sujet, nest-ce pas en espérer un qui plaise à tout le monde ou plutôt qui ne déplaise à personne ?
Elle : Chez les Hollandais, Vermeer par exemple, dans le tableau il y a une espèce de vide. Il ne se passe rien. Il y a une personne très banale dans une pièce et puis... rien.
Lui : Toute la difficulté, cest que tout ce « rien » soit ressenti par celui qui regarde. Quattend celui qui regarde ? Rarement rien. Et cest là tout le problème, en peinture comme au théâtre. Il faudrait peut-être peindre des pots de fleurs, les gens seraient contents et nous aussi. Trop de peintres rechignent à faire des fleurs, on se demande pourquoi. Ils doivent penser que cest ringard ou kitsch, ils préfèrent ce qui est noble. Ils ont peur davoir mauvais goût. Cest dommage, parce que, avoir bon goût pour un artiste, ça limite considérablement ses exigences (...)
Conversation avec une amie de Yves Fravega, « Quil ferait bon vivre là-dedans » |
|
 |
|